Chapitre Premier – Œil pour œil

Quelque chose se ferma devant lui et alors il ne voyait plus que par une mince fente. Il vit les pieds de sa mère se déplacer lentement vers la porte mais cette dernière s’ouvrit avant qu’elle ne l’atteigne.

Il y a des jours où tout se passe bien et des jours où tout se passe mal. Parfois, parmi l’un d’eux, votre vie se trouve changée à jamais, que ce soit dans le bon sens comme le mauvais. C’est ainsi que l’on fait de belles rencontres dans des circonstances qui, parfois, nous font dire que les Six se sont penchés sur nous ou encore qu’ils nous ont complètement abandonné. Le fait est que ce jour là était particulier. Il pleuvait des cordes et les centaures n’étaient pas très loin de Shaemoor. Parfois, la nuit, on entendait la rumeur lointaine des sabots, des épées ou des catapultes qui se faisaient détruire. Les temps n’étaient pas simples pour le peuple humain qui comptait plus d’ennemis que chaque représentant de cette race n’avait de doigts. Théodore Orlando tentait tant bien que mal de réparer le toit de cette petite maison du village adossé aux remparts blanc de la Capitale. La famille Dumoulin y vivait et il fallait préserver leurs quelques biens de la pluie et l’humidité. Une journée pénible avait commencé pour l’homme d’une trentaine d’année qui, seul là-haut, bravait les tuiles glissantes pour accomplir son labeur. Alors qu’il avait presque terminé son travail, une petite voix l’interpella : « Venez à l’intérieur ! Nous avons du thé chaud. Vous pouvez bien prendre une petite pause, non ? ». C’était la fille des propriétaires de la maison, Marlène. Cette journée qui avait si mal commencée se révéla être celle qui changea l’existence de Théodore.

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20 000 lieues sous les ossements

Alex soupirait en observant la crique Orrienne qui était devant lui. Six mois auparavant, jamais il n’aurait pu dire qu’il irait en Orr, ou même trouver ne serait-ce que le courage d’accepter un tel voyage, pour quelque raison que ce fut d’ailleurs. Le voyage s’était déroulé étonnement bien comparé à ce à quoi il s’imaginait car, après tout, c’était Orr. Zhaitan mort, ils avaient eu plus ou moins la Mer des Lamentation pour eux seuls. Pas de tempête, pas de grosses vagues, pas de nausées et il ne fallait pas s’inquiéter du scorbut, avait dit un des membres d’équipage dans une tentative désespérée de faire rire Alexei. Au final, tout était à peu près bon malgré la méfiance ambiante qui présidait chaque seconde passée à bord de ce navire. Mais cela s’était gâté à l’approche de cette crique dans laquelle le Capitaine Grimm avait jeté l’ancre. Un petit crachin qui s’était vite transformé en grosse averse, à grands renforts d’éclairs et de grondement pour ajouter théâtralement de la tension ambiante, trempait tout le monde jusqu’aux os. Et lui, il faisait partie du groupe qui plongeait. Il avait dû retourner dans le quartier populaire est du Promontoire Divin pour retirer ce vieux respirateur de son présentoir en verre, soufflant de disparaître à la nostalgie qu’il commençait à éprouver. Un bref regard autour de lui confirma qu’il n’avait besoin de rien d’autre, pour l’instant tout du moins. Il savait qu’il devrait ressortir son vieux masque de Magnanime pour en endosser à nouveau le rôle. Rôle qui l’avait tant paralysé autrefois.

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Le  Sophia, navire du Capitaine Grimm

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Les recoins de la douleur

Après les derniers mots de la créature d’os et de chair, Alex regarda vers Amarane qui, bien-sûr, était toujours secouée bien qu’elle ne le montrait plus. Il voulait la rejoindre mais la pénombre l’envahit. Il voulait crier son nom tandis qu’il se sentait porté, déplacé, puis accusa le coup du sol dur et froid sous ses pieds. Il cligna des yeux tandis que sa vision s’éclaircissait sur une grotte vide, des armes éparpillées ça et là sur le sol et la porte qui n’était plus là. Il compta… Randall, un ; Eliott, deux ; Vée, trois. Pas de quatre. Amarane n’était pas là. Il cherchait l’élonienne autour de lui. Des voix étouffées parvenaient entre les sifflements que sa crainte imposait à son ouïe. Il finit par s’accroupir et poser ses coudes sur ses genoux, pensif, tandis qu’il entendait une Vée lui dire « Désolée pour ta gonze ». Il ne répondait pas, il attendait. Elle allait arriver, c’était sûr. « Partez devant, je vous rejoindrais. Je vais attendre ici », dit-il aux trois autres sans prendre le temps de les regarder. Sa voix était rauque, monocorde et déterminée. Des voix étouffées encore, des murmures… La tourmente.

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Obscure clarté

Terry couvrit sa bouche lorsqu’il fut secoué d’une toux. « Satanées Cîmefroides », dit-il tandis que sa voix se répandait en écho partout autour de lui comme si la caverne murmurait elle aussi tout son mécontentement à propos de la région norne. Il avançait, une torche tenue à bout de bras devant lui. De la mousse apparaissait de manière disparate et aléatoire sur les parois, comme une pilosité capricieuse d’un jeune homme découvrant la puberté. Plus loin, on pouvait entendre une mélopée de gouttes d’eau qui tombaient dans des flaques ou, peut-être, un lac souterrain. Il ne se souvenait pas comment il avait pu arriver ici, mais il savait qu’il devait s’enfoncer au plus profond des entrailles de la terre pour y trouver les réponses qu’il cherchait. Ses pieds restaient en mouvement, sans jamais déraper sur la roche lisse et humide, il était alerte et observait partout, concentré au possible.

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Les fantômes assoiffés de sang

Les dernières lueurs du soleil frappaient Amarane et Terry qui se tenaient en silence devant le cimetière de Shaemoor. L’heure était-elle passée ? Pas le temps de vraiment creuser la question que deux hommes arrivaient. Un en armure et l’autre en tenue de cuir qui aurait fait pâlir d’envie un étherlame. Ce second était rouquin et mangeait du saucisson, comme s’il était venu pour voir ce qu’était un cimetière peuplé de fantômes. Et quelques instants après, c’est ce qu’il confirmait. Peu après, c’est au tour de la seconde Prêtresse de Grenth d’arriver. Visage découvert, peau pâle, Jelana était son nom. Terry ne l’avait jamais vu, pas plus que les autres de ce groupe d’ailleurs. Ils furent rejoint par un Silvarios bien moins insolent que d’habitude, qui se plantait près d’Amarane comme à chauque fois. Tandis qu’Amarane énonçait une prière, l’homme en armure, muni de son rouquin à l’humour aussi acéré qu’une lame dont le propriétaire n’aurait jamais entendu parler de pierre à aiguiser, s’éloigna jusqu’à l’entrée du cimetière, ignorant la prière avec juste ce qu’il faut de mépris pour se montrer insultant.

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L’appartement du Promontoire Divin

Dans les combles d’un bâtiment à l’apparence désuète du Promontoire Divin se trouve une chambre convertie en appartement. Une chambre louée suffisamment grande pour y vivre à l’aise pour peu qu’on ne dépasse pas le mètre quatre-vingt. C’est là que Terry vient, discrètement, lorsqu’il veut revivre une partie de son passé sans avoir à se l’imaginer. Malgré sa destruction récente, il a tout refait avec l’aide du Propriétaire, y mettant le prix pour s’y sentir comme chez lui.

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Entrainement Magique : Du Camouflage de la magie

Il expirait profondément, chassant tout l’air de ses poumons. Un frisson glacé lui parcourut le dos, comme si le doigt de Grenth longeait son échine, confiant dans le fait qu’il finirait par le rejoindre en son domaine. Terry nia l’évidence et se concentra sur sa tache. Une sphère était en suspension devant lui, une sphère lisse et parfaite, argentée, comme quelque métal aussi liquide que de l’eau. En s’approchant, il pouvait se voir dedans, s’admirer tel qu’il est, tel qu’il fut et, croyait-il, tel qu’il serait. La sensation procurée par cette observation était unique et elle le fascinait toujours autant. Il se mit à tourner autour de la sphère, les mains dans le dos, comme s’il l’étudiait, comme s’il la jaugeait, comme s’il la défiait de le décevoir. Sous ses pieds, le sol craquait légèrement tandis qu’il s’y enfonçait dedans, comme s’il marchait sur une épaisse couche de coton.

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